S’approcher de l’anthropologie proposée par Jousse suppose de sortir de la posture habituelle du lecteur-élève face à l’auteur-théoricien. Ce n’est pas un auteur (de livres), c’est d’abord un enseignant * (de gestes). Il n’hésite pas dans ses cours à interpeller ses auditeurs, voire à se montrer provocateur, afin de secouer les habitudes de conformisme intellectuel.
* enseignant, au sens figuré et au sens propre : montrer (comme le fait l’enseigne d’un magasin)
Voici quelques orientations méthodologiques se dégageant de façon récurrente parmi ses cours.
1. Jousse ne veut pas de disciples : soyez vous-mêmes !
- Seul Jousse peut vraiment comprendre Jousse
- L’autorité de l’expérience personnelle
- Prendre conscience de soi-même
- Pas de disciples, mais des collaborateurs
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Le professeur qui ne veut pas que vous pensiez comme lui
- Un professeur qui veut être dépassé par ses élèves
2. Les choses avant les mots : revenir au réel
- Se mettre en face des choses
- Observer les faits
- Vérifier les lois
- Donner du réel, quoi qu’on en dise
- Prendre conscience du réel, d’une façon vivante et d’une façon anthropologique
3. Désinfecter le vocabulaire, se défaire des fausses méthodes
- La méthode de Pasteur pour étudier et manier le vivant
- Se dégager des vieilles formules
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Les fausses méthodes et les pseudo-problèmes : introduction au cours du 23 octobre 1940 à l’école des Hautes-Études
Le jour où vous me direz que vous êtes mes disciples, je considérerais cela comme une abdication de vous-mêmes, je veux que vous soyez les disciples du réel. Si je ne suis pas qu’un montreur de réel et si je m’impose à vous au lieu de réel, je ne serai qu’un déformateur et non pas le formateur comme je voudrais l’être ici.