Il s’agit ici de s’intéresser aux relations de Marcel Jousse avec le cercle restreint des personnes qui ont partagé à la fois son intimité et ses recherches pendant plusieurs décennies.
En ce qui concerne la vie de l’homme, l’ouvrage de témoignage écrit par Gabrielle Baron, publié en 1965, est riche nombreux documents (lettres, dédicaces, anecdotes…). A propos de la première partie de la vie de Jousse, elle y rapporte l’expérience racontée par différentes personnes l’ayant côtoyé : durant sa jeunesse dans la Sarthe ; durant son parcours dans l’armée jusqu’en 1919, en France et aux États-Unis ; durant sa période de formation ecclésiastique.
A partir de son entrée dans la Compagnie de Jésus en 1920, Marcel Jousse peut se consacrer entièrement à ses recherches. Il se lie d’amitié avec la famille Desgrées du Loû qui fut dès lors un fidèle soutien. Il s’installe à Paris en 1922 et commence une collaboration avec Gabrielle Desgrées du Loû, qui se poursuivra jusqu’à sa mort en 1955. Ensemble, ils travaillent à reconstituer des récitatifs de Style oral analogues à ceux qui ont été transmis par les disciples ou « appreneurs » de Jésus, avant leur mise par écrit par les évangélistes. Jousse travaille sur une retraduction des textes grecs en tenant compte de la tradition araméenne sous-jacente ; sa collaboratrice les rythmo-mélodie puis les enseigne.
Une seconde figure clé de l’entourage de Jousse est le Dr Joseph Morlaâs (1895-1981). Il découvre ses travaux en lisant « Marcel Jousse : Une nouvelle psychologie du langage » de Frédéric Lefèvre, peu après avoir terminé sa thèse de doctorat en médecine. Il approfondit ainsi son propre travail et publie Contribution à l’étude de l’Apraxie en 1928. Il fait partie des premiers auditeurs des cours de Jousse en 1932. Puis il devient président de l’« Institut de Rythmo-pédagogie », association fondée avec Jousse pour développer ses travaux. Il fut jusqu’à la fin de sa vie président de la Fondation Marcel Jousse. « En ce climat trouble de notre temps, il voit en Jousse un hygiéniste de l’intelligence et un modèle d’exactitude et de soumission au réel qui nous trace la voie des redressements nécessaires. » (compte-rendu d’une réunion en avril 1974)
En 1930, Jousse fait la rencontre de Gabrielle Baron, « sur [son] lit de mort » dit-elle. Qui était-elle ? Pourquoi Jousse l’a-t-elle choisie pour l’assister, jusqu’à sa propre mort ? Nous en savons finalement assez peu sur celle qui s’est consacrée dès lors totalement à Jousse, et a été dépositaire de son œuvre. C’est d’autant plus important qu’elle a formé toute une génération de « joussiens » entre 1965 et sa disparition en 1986, et qu’elle a mis au point l’édition posthume des volumes 2 et 3 de L’anthropologie du geste (Gallimard, 1975 et 1978). Elle a également publié « Introduction au style oral de l’évangile d’après les travaux de Marcel Jousse » (Centurion, 1982). Elle y présente les récitatifs rythmo-pédagogiques enseignés à partir de 1928 par « une méthode vivante de mémorisation globale ». Cet enseignement a repris en 1973 à son initiative. Pour en laisser une trace fiable, elle a été filmée les récitant tous de façon ininterrompue. Il s’agit d’une vidéo à vocation d’archive mais non d’outil pédagogique.
A propos du vidéo-testament anthropologique de Gabrielle Baron
La Fondation Marcel Jousse a été créée en 1968 sous la forme d’une association par :
- Gabrielle Baron, Joseph Morlaâs,
- des anciens élèves de Jousse (Albert Petit, magistrat ; Pierre Roque, notaire ; Micheline Larès, agrégée de Lettres, chercheure),
- des soutiens de Jousse (jésuites : Gaston Fessard, Jacques Goussault ; Paul Hutin-Desgrées-du-Loû, fondateur de Ouest-France à la Libération),
- ainsi que des relations de Gabrielle Baron (André Robert ; André Crépin ; Henri Savonnet)