Nous présentons ici quelques éléments témoignant des échos divers suscités par Marcel Jousse chez des personnalités du 20ème siècle. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour mesurer quelle influence il a eu.
En cliquant sur le nom de ces personnalités, vous pourrez lire l’article de présentation qui leur est consacré sur Wikipédia.
Marcel Jousse, alors inconnu, publie le Style oral en 1924. Rapidement épuisé, il est réédité en 1925 et suscite de nombreux articles de presse en France et à l’étranger (G. Baron, 1965, p.89 à 92). Henri Brémond (1865-1933), historien et critique littéraire, élu à l’Académie Française, sentit que “sur ces mornes paragraphes – mosaïque de citations – passait le vent des grandes découvertes” .
Alfred Loisy (1857-1940), professeur d’histoire des religions au Collège de France, écrivit : “Le Père Jousse a fort bien prouvé l’existence de clichés rythmiques dans les deux Testaments ; il en a établi la genèse, il en a marqué les lois, montré la continuité. M. Goguel demandait qu’on lui fournit la théorie complète du rythme et qu’on lui en montrât l’application dans le Nouveau Testament. Il est servi.” (Revue critique d’Histoire et de Littérature, 1926, cité dans un cours de Jousse (H.E. 22/01/35).
Peu après, en 1927, Jousse est invité à donner une série de 3 conférences à l’Institut Biblique Pontifical à Rome. Il fait sensation. En pleine crise “moderniste” liée à l’exégèse historico-critique de la Bible, sa méthode anthropologique renouvelle en profondeur les perspectives d’étude sur les textes évangéliques (des témoignages d’époque dans G. Baron, 1965, p. 94-102).
Le R.P. Frey (1878-1939), alors secrétaire de la Commission biblique, lui offrit un de ses ouvrages avec cette dédicace : “Au R.P. Jousse qui par une voie nouvelle confirme les vérités anciennes hommage reconnaissant.”
Suite à la transmission d’un ensemble de ses textes au Pape Pie XI, Jousse reçut de sa part un message écrit qui l’encourageait à poursuivre dans sa voie.
Dès ces conférences, le R.P. Bea (1881-1968), jésuite allemand, alors professeur d’exégèse de l’Ancien Testament de cet Institut, a été en profonde sympathie intellectuelle avec Jousse. Il s’en est inspiré pour son étude sur le Pentateuque (De pentateucho, Rome 1933).
Il devint cardinal en 1959 et fut impliqué dans le Concile Vatican II en faveur du développement de l’œcuménisme entre églises chrétiennes, et d’une considération positive à l’égard du judaïsme. Il serait intéressant d’approfondir la contribution des travaux de Jousse à ce sujet.
Le poète juif André Spire par exemple a fréquenté les cours de Jousse, tout comme de nombreux autres juifs pendant les années 1930, qui en ont donné des échos intéressés dans leurs revues.
La recherche est à poursuivre sur les échos de personnalités, du vivant de Jousse, dans d’autres domaines que les questions religieuses. Il semble par exemple que l’écrivain Raymond Queneau ait suivi des cours de Jousse.
Quelques informations pour situer les membres du comité de parrainage de la Fondation Marcel Jousse en 1968. Outre le cardinal Bea, qui en est le président d’honneur, nous y trouvons des personnalités très diverses, du monde des arts et lettres, de la philosophie et des sciences humaines, chrétiens, juifs, issus de différents continents. A remarquer en page 4, une lettre de Leopold Sedar Senghor qui commence ainsi :
Je me suis toujours intéressé à Marcel Jousse que j’ai connu. Il m’a appris à aller à la racine des ethnies et partant, des hommes, à creuser jusqu’aux plus profondes couches géologiques de l’homme pour capter la source à son premier jaillissement…
Depuis la mort de Jousse, ses écrits continuent à interpeller et inspirer :
– Le poète Jean Sulivan (1913-1980),
– Michel De Certeau (1925-1986) : lire son article à propos de l’ouvrage L’anthropologie du geste, publié en 1970 dans la revue Études.
– Maurice Houis (1923-1990), spécialiste des langues africaines, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études. Il est l’auteur en juin 1975 de la préface de Le parlant, la parole et le souffle (Gallimard, 1978).
– Jacques Lecoq (1921-1999) faisait sans cesse référence au livre L’anthropologie du geste dans son école de Mime, Mouvement, Théâtre. Il a trouvé dans la pensée de Jousse un “révélateur extraordinaire de sa propre recherche et de son expérience” (comme il en a témoigné lors d’une réunion de la Fondation Marcel Jousse le 30 avril 1974).