chercheur, anthropologue, pédagogue

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L’expression, le geste et le rythme : Retour et discussion suite à la soutenance de thèse de Titus Jacquignon

Thomas Marshall, docteur en sciences de la communication, membre du Bureau de l’Association Marcel Jousse

Le 14 octobre 2022, près de 30 personnes se sont rassemblées, à l’Université Bordeaux Montaigne et en visio-conférence, pour assister à la présentation orale de sa thèse, puis aux prises de parole des différents membres de son jury. Je vous donne ici un aperçu des réflexions stimulantes partagées à cette occasion, en suivant la trame de la présentation du nouveau docteur, dont le texte intégral peut être téléchargé ici. Pour situer le propos, vous pouvez lire également le résumé de la thèse.

Titus Jacquignon présente l’enjeu de sa thèse de doctorat comme étant « la possibilité du « retour », ou de la réintroduction de l’anthropologie du geste et du rythme à l’université dont elle s’était absentée durant 60 ans. » Il s’y est employé en menant une réflexion très approfondie sur la nature même des travaux de Marcel Jousse et sur les obstacles internes ou externes qui ont empêché jusqu’à présent leur prise en compte dans les sciences du langage (le domaine dans lequel s’inscrit cette thèse).

Il est d’abord revenu sur son propre parcours. Faisant des recherches sur l’araméen ancien puis moderne, il avait découvert, à travers les deux ouvrages L’anthropologie du geste et Le style oral, une œuvre qui lui apparut à la fois comme prometteuse et énigmatique. Puis il trouva dans le volumineux corpus des transcriptions de cours de Marcel Jousse la matière nécessaire au « travail fondamental » qui restait à faire selon lui.

Camille Riquier y invitait également, en introduction du dossier consacré à Jousse paru en 2021 dans la revue Transversalités : « L’œuvre de Marcel Jousse est elle-même à venir, en attente d’être instituée en tant que telle. Elle lance un appel aux futurs chercheurs capables d’embrasser toute sa matière et d’en suivre les méandres afin de composer la forme dont elle est d’ores et déjà la promesse. »

Les membres de son jury ont souligné le « travail colossal » ayant permis d’aboutir à cette thèse, qui témoigne pour Emmanuelle Roussel de « la passion », de « l’honnêteté intellectuelle », des qualités d’écriture et de « l’impressionnante capacité de synthèse » de son auteur.
Gabriel Bourdin, professeur d’anthropologie au Mexique, a commenté la difficulté du projet de refonder dans un cadre académique l’anthropologie du geste joussienne, une science périphérique, des marges : car non seulement « tout est à construire », mais elle est porteuse d’un paradoxe intrinsèque : ce que Marcel Jousse a découvert, c’est la singularité radicale de chaque être humain, qui peut s’exprimer, mais ne peut pas transmettre ce qu’il est. Sa singularité repose sur l’ensemble de ses « mimèmes », qui sont les briques de connaissance incorporées depuis qu’il a disposé d’organes sensoriels actifs. Comment faire une science, c’est-à-dire une connaissance partagée, à partir de ce constat de la singularité expérientielle de chaque être humain ?

La singularité assumée de Marcel Jousse lui-même en est le point de départ. Pour Haun Saussy, professeur de littérature comparée aux États-Unis, il s’agit de « se placer au centre de jaillissement du découvreur pour en comprendre la cohérence ».

Titus Jacquignon a donné lors de sa soutenance une vision d’ensemble sur plusieurs sujets essentiels qu’il a exploré dans la thèse :

  1. Le problème documentaire
  2. Le problème de l’expression multimodale telle que Jousse la schématise
  3. Le problème stylistique lié au professorat de Marcel Jousse
  4. Le problème de la méthode

« Ils déterminent, de mon point de vue, la possibilité d’une réactualisation de la méthode, de son appropriation et de sa personnalisation en fonction des chercheurs, des enseignants et pour tout public intéressé en règle générale et ce, grâce à l’outil que je pense avoir forgé. »

1. Le problème documentaire, c’est celui de la compréhension et de l’analyse du corpus des cours de Jousse. Tout commence par là. Historien de formation, Titus Jacquignon se penche sur le décalage qui se creuse par rapport au contexte de la première moitié du 20ème siècle. « Jusqu’à quel point l’œuvre du Professeur Jousse traverse-t-elle l’épreuve du temps, pourquoi et comment ? » Pour répondre à cette question, il a entrepris à travers sa thèse de composer « l’essentiel Jousse », une ambitieuse synthèse facilitant l’accès à une méthode et à un enseignement iconoclaste, tant dans son contenu que dans sa forme. Elle s’appuie sur un « corpus analytique », placé en annexe de la thèse, « composé de longs extraits choisis de ses cours et organisés selon un plan de progression dont je suis responsable, [qui] traduit déjà mon essai de réactualisation de la méthode ». Ce support documentaire fait environ 1000 pages.

Il a tenu à faire figurer dans ce corpus l’ensemble des thèmes auxquels Jousse s’est attelé, à l’exception notable de ses études à propos de la Bible et de Jésus, « un dossier à part entière qui nécessiterait sans doute une thèse spécifique ». Au-delà de la technicité du sujet, il s’explique également des raisons qui l’ont poussé, non pas à écarter la question religieuse en tant que telle de l’anthropologie joussienne, mais à mettre à distance ce qu’il appelle son « noyau obsessionnel », à savoir un combat pour prouver rationnellement l’authenticité des Évangiles, « tel que Jousse conçoit le problème et tel qu’il le prend : en refusant la science historique et en croyant que la méthode anthropologique la combattra. » Il assume son choix : « C’est donc une anthropologie sans le combat principal de Marcel Jousse que vous avez en main aujourd’hui. » Il avait d’ailleurs illustré lors d’un séminaire en 2021, à quel point Jousse avait fait sienne l’attitude du combattant dans l’ensemble de son travail scientifique. Il s’agit donc de comprendre cette attitude, sans se sentir obligé de rejoindre pour autant l’unité d’artillerie du Professeur-Capitaine Jousse 1 !

2. Le problème de l’expression multimodale lui semble également une clé de lecture car ce que Jousse a appelé « anthropologie du geste » ou « du mimisme », porte fondamentalement sur le phénomène de l’expression humaine, pris dans toute son ampleur. Pour l’auteur, « Jousse parvient en effet à reconstituer une sorte de carte de l’expression humaine en rendant compte de sa globalité, de sa complexité et de sa profondeur. » A la fois, il invite « à assouplir et à ajuster systématiquement » la méthode de Jousse « à l’étude d’une individualité, d’une œuvre ou d’un milieu donné », en laissant de côté sa schématisation pédagogique des différents canaux d’expression humaine. Jousse les désigne comme des « claviers gestuels », comme un orgue a plusieurs claviers : les gestes globaux du corps, les gestes des mains, les gestes laryngo-buccaux de la parole. Pour Titus Jacquignon, Jousse ayant pour objectif d’établir la fiabilité de la transmission traditionnelle par la mémoire, il se focalise sur une redondance de la même « mélodie » par les trois canaux. Pour que la méthode soit utile pour d’autres objectifs de recherche, il s’agit d’ouvrir la possibilité d’une analyse des gestes sur le modèle de l’homme-orchestre, chaque canal gestuel ayant son propre contenu particulier.

3. Le problème stylistique se manifeste au lecteur contemporain des cours de Jousse à travers un sentiment d’étrangeté : à la plupart d’entre nous, jamais professeur d’école ou d’université n’a parlé de cette manière, « enseignant » au sens propre du terme – comme une enseigne – c’est-à-dire montrant de façon vivante et improvisée, par son corps et ses paroles, ce qu’il apportait. Haun Saussy a souligné ce défi : « Comment lire un druide ou un griot ? »

Ainsi, la thèse progresse dans son approche en suivant l’évolution qui a aussi été celle de Titus Jacquignon. Dans un premier temps, l’habitude face à une œuvre écrite est celle d’y chercher des « concepts » et d’essayer de saisir le « système » qui les ordonne. Mais dans un second temps, les propos de Jousse eux-mêmes au sujet du langage, de la connaissance, et de la pédagogie, nous conduisent à le considérer à partir de son style d’expression propre, qui n’est pas conceptuel mais fondé sur des métaphores à la signification très concrète, à la manière des peuples dont les traditions ne reposent pas sur l’écriture. L’étrangeté du style perçue dans les cours de Jousse est signe que nous avons affaire à « un autre monde, [à] un autre style de cognition et de transmission. » On comprend ainsi que la forme de cet enseignement n’est pas accessoire, elle fait partie du projet scientifique de l’anthropologie du geste joussienne. Et par conséquent elle détermine la manière, « gestuelle » et non conceptuelle, dont on peut établir de façon pertinente des rapprochements et des échanges avec d’autres auteurs ou domaines de recherche. C’est d’ailleurs selon ce principe que Jousse avait composé son mémoire de 1924 sur le Style oral : il faisait le lien entre des descriptions des mêmes phénomènes par différents auteurs, employant des termes différents, et proposait une terminologie unificatrice.

4. Le problème de la méthode s’articule au précédent. Dans une logique universitaire, on s’attendrait en effet à trouver dans les textes de Jousse un corpus théorique et méthodologique, « une théorie de la connaissance », qu’il serait possible d’ « appliquer » à de nouveaux objets de recherche. Ce qui est mis en question par la méthode joussienne, c’est le principe de neutralité de l’observateur, du chercheur par rapport à son « objet ». Pour Titus Jacquignon, « Marcel Jousse ne propose pas simplement d’étudier l’anthropologie et les ethnologies dans le monde : il fonde lui-même une anthropologie qui est, pour lui, un outil d’outil pour s’élaborer soi-même tout au long de sa vie. » Le recours à l’expérience personnelle fait partie classiquement de la démarche ethnographique. Mais il s’agit plus fondamentalement dans la méthode joussienne de se considérer individuellement comme un terrain d’expérience de la condition humaine, en interaction continue avec un monde bio-physique et des mondes sociaux (« ethniques » dans le vocabulaire de Jousse). L’auteur explique comment cette « anthropologie de l’intime » peut rejoindre une « anthropologie savante ». C’est aussi ce qui peut conduire certains à contester la scientificité de l’anthropologie du geste, dans la mesure où : « Il s’agit d’abord d’expériencer, en soi et par soi, comment le geste s’élabore dans notre intime, faute d’instrumentation possible dès qu’il s’agit du domaine de l’intime. »

Titus Jacquignon reconnaît d’ailleurs que Jousse, dans cette voie d’exploration assumée depuis sa propre subjectivité, a eu parfois tendance à se projeter lui-même dans ce qu’il a étudié. Cette difficulté a été décrite par Haun Saussy comme le signe d’« un manque de locuteur antagoniste pour mettre en dialogue ».

La conclusion de Titus Jacquignon sur la possibilité de la prise en compte de l’anthropologie du geste, en tant que méthode, par le monde actuel de la recherche, reste ouverte.

Du côté des difficultés, il pointe son caractère inclassable : « Il y a, dans la méthode du professeur Jousse, une part de coaching en développement personnel, pour reprendre le terme à la mode, disons une anthropologie philosophique à la française. Au temps de Wilhelm von Humboldt, il y a plus de deux siècles, cela ne posait pas de problèmes, mais considérant comment la science se fait aujourd’hui, pour reprendre le thème d’une des recherches de Bruno Latour, ce type d’approche n’existe pas et n’est pas du tout envisagé. Cela pose et cela posera encore des problèmes pour la scientificité de l’anthropologie du geste. »

Je me pose donc la question de l’avenir de cette méthode, non dans le sens d’une impossible « normalisation » de l’anthropologie du geste pour s’adapter aux canons académiques actuels, mais dans le sens de son utilisation au service d’une transformation, par les chercheurs eux-mêmes, de la manière de faire les sciences, qui reste aujourd’hui encore largement inscrite dans un héritage occidental et donc en partie colonial (à leur insu).

Et finalement, il est juste que la question demeure ouverte. Titus Jacquignon a créé une « boîte à outils » et il espère simplement qu’elle sera utile à d’autres. « je ne suis pas en mesure de savoir quel sera le destin de cette méthode dans le champ universitaire. Je pense que ma thèse crée les conditions d’accès à l’anthropologie du geste qui reste encore aujourd’hui confidentielle, qu’elle en favorise la redécouverte et qu’elle pourra éviter des malentendus. »

Cette hypothèse s’est déjà vérifiée avec des membres du jury de la soutenance qui ne connaissaient pas la pensée de Jousse auparavant et ont été enthousiasmés par cette découverte. C’est bon signe !

La prochaine étape sera la mise en ligne par l’Université sur la plateforme theses.fr. Ensuite, Titus Jacquignon a l’intention d’adapter son texte pour une publication sous forme de livre. Nous attendons impatiemment de pouvoir l’annoncer sur marceljousse.com !

 

Pour aller plus loin :

Le caractère fondamental de l’expérience indigène de Marcel Jousse dans la création de sa méthode anthropologique” : Un article de Titus Jacquignon, publié dans le revue Mundau qui est issu de son travail pour la thèse. Il y met notamment en exergue comment Jousse a résisté à une idéologie raciale alors omniprésente, en mettant en œuvre sa méthode de connaissance “par le dedans” sur des terrains aussi variés que les Amérindiens des Plaines, les cultures régionales françaises, l’ancienne culture araméenne de Palestine.

 

1  Je fais ici allusion à son engagement militaire déterminé, lors de la 1ère guerre mondiale.

L’anthropologie du geste se fait connaître en Espagne et en Amérique latine

Francisco Garcia a présenté lors des dernières rencontres de l’Association Marcel Jousse en novembre 2021, les dernières initiatives de diffusion de la pensée de Jousse dans le monde hispanophone. Nous mettons ici à jour son texte avec des actualités plus récentes.

Activités réalisées en espagnol au cours des années 2020 et 2021

Il faut tout d’abord souligner la promotion de la pensée de Marcel Jousse faite par le professeur Gabriel Bourdin. Je n’en citerai que deux :

  • Deux séminaires à l’UNAM

Le professeur Gabriel Bourdin, en tant qu’enseignant d’anthropologie à l’UNAM (Université Nationale Autonome du Mexique), et lié à l’Institut de Recherches Anthropologiques de la même Université, a dirigé cette année deux séminaires d’Anthropologie.

Le premier s’est tenu de mars à mai 2021 où il a traité la question : La vie des gestes dans la vie quotidienne. Éléments d’anthropologie joussienne. Cette étude a été poursuivie lors du second séminaire de septembre à novembre 2021. Ces deux séminaires étaient en sessions virtuelles de 4 heures hebdomadaires (le vendredi).

  • Inauguration d’un réseau social Marcel Jousse

En août 2021 a été inauguré un réseau social hispanophone intitulé “Red Marcel Jousse”, sur la plateforme Whaller. Avec cette initiative et grâce à la coordination conjointe de Thomas Marshall et de Gabriel Bourdin, l’information et la proximité des personnes intéressées par l’anthropologie du geste de Marcel Jousse en Amérique latine, en Espagne et en France deviennent plus étroites.

Tant les séminaires de l’UNAM que le réseau social ont mis en contact des personnes venant du Mexique, d’Argentine, de Bolivie, de Colombie, du Brésil, du Chili, d’Uruguay et d’Espagne, entre autres.

  • Dr. Francisco Moya et des médecins chrétiens

À la fin de l’année 2020, le Dr. Francisco Moya, médecin espagnol spécialiste en radiographie, a publié sur sa chaîne YouTube une conférence intitulée : « Neuf thèses de la pensée de Marcel Jousse dans son Anthropologie du geste » (ici traduite en français), qui s’avère être une bonne synthèse en espagnol, et qui compte à ce jour plus de 2600 visites. Francisco Moya est le fondateur de la palingénésie (qui signifie « renaître »). La Palingénésie de la Personne est une nouvelle méthode, inspirée du philosophe espagnol Leonardo Polo, qui vise la guérison de la personne par la pleine conscience de son passé. Il a également trouvé des points d’ancrage important dans l’Anthropologie du Geste de Marcel Jousse. Autour du docteur Moya se retrouvent des chercheurs d’origine espagnole, latino-américaine et européenne qui s’intéressent à cette méthode. Certains d’entre eux ont suivi une formation sur l’Anthropologie du Geste et sur les travaux de Pierre Perrier, donnée par le professeur Francisco José López à Almodóvar del Campo (Ciudad Real). Ils préconisent un chemin de guérison par la voie du geste. Ils prévoient de se réunir plus souvent à l’avenir.

Publications en espagnol

En 2020, deux publications importantes ont été éditées en espagnol.

« La Jungla Antropológica. Una introducción a la antropología del gesto y el mimismo de Marcel Jousse » écrite par Gabriel Bourdin et publiée par l’Institut de Recherches Anthropologiques de l’Université National Autonome de Mexique (UNAM).
Ce livre peut désormais être commandé en ligne. Ce livre a fait l’objet d’une note de lecture par une anthropologue brésilienne, dont nous avons trouvé intéressant de publier une version traduite en français.

En voici la présentation par l’auteur en 4ème de couverture :

Pour les lecteurs hispanophones, l’anthropologie de Jousse est inconnue. Les auteurs qui ont inclus des références à Jousse dans notre langue se comptent “sur les doigts d’une main”, pour reprendre la figure gestuelle de la numérotation “primordiale”, qui plaisait beaucoup à notre auteur. Le présent travail vise à soumettre à la considération du lecteur hispanophone et surtout du chercheur en sciences humaines une nouvelle approche méthodologique, dotée d’un énorme potentiel. En guise d’objectif intermédiaire, l’auteur tente des applications possibles de la création joussienne au vaste horizon des traditions de style oral originaires du continent américain.

L’UNAM vient aussi de publier la traduction en espagnol du livre Le Style Oral de Marcel Jousse (1925), sous le titre « El Estilo Oral rítmico y mnemotécnico entre los verbo-motores ». La traduction a été assurée par le professeur Bourdin et son épouse Leonor Teso Gentile (d’heureuse mémoire), avec un avant-propos d’Edgard Sienaert. Gabriel Bourdin a fait précéder le texte d’une riche introduction afin de mettre en perspective pour les lecteurs contemporains cette œuvre inaugurale de Jousse . Cette publication en espagnol a bénéficié d’une présentation officielle lors de l’anniversaire des quarante-huit ans de l’Institut de Recherches Anthropologiques de l’UNAM, transmis par Zoom.
Ce livre peut désormais être commandé en ligne.

De nouvelles publications en espagnol.

En mai 2022, un dossier sur l’anthropologie du geste a été publié dans la revue Mundaú, une revue électronique d’anthropologie, éditée par le programme post-licence en Anthropologie de l’Institut des Sciences Sociales de l’Université Fédérale d’Alagoas (Brésil). Il est intéressant de noter qu’elle publie ses articles en anglais, français, portugais et espagnol. Parmi d’autres contributions, vous y trouverez des articles écrits par deux chercheurs ayant suivi le séminaire de Gabriel Bourdin et par Titus Jacquignon, doctorant et membre du Bureau de l’Association Marcel Jousse, sous le titre : Le caractère fondamental de l’expérience indienne de Marcel Jousse dans la création de sa méthode anthropologique.

Une traduction en espagnol de l’ouvrage édité par Gallimard, L’Anthropologie du Geste, est également en cours.

Des conférences récentes en espagnol

Lundi 29 novembre 2021 a eu lieu une conférence sous le titre : « L’Anthropologie du Geste de Marcel Jousse : nouvelles recherches sur l’oralité », à l’Université Ecclésiastique San Dámaso (Madrid). Elle s’inscrit dans la 4ème journée du cycle de conférences intitulé : « La pédagogie de l’Église des Apôtres ». Elle a été donnée conjointement par le professeur Francisco José López Sáez et par Francisco García Baca (doctorant). Elle propose une introduction biographique sur Marcel Jousse et une initiation à son Anthropologie du Geste, suivie d’une brève présentation des nouvelles recherches sur l’oralité. L’importance de cette conférence revient surtout parce qu’elle est l’une des premières expositions formelles sur l’Anthropologie du Geste de Marcel Jousse dans le domaine universitaire espagnol, et aussi parce qu’elle a eu lieu à l’université ecclésiastique San Dámaso, institution académique importante en Espagne. En voici la vidéo :

Le professeur Bourdin poursuit son activité de recherche et de conférences. Il consacre plusieurs mois en 2022 à une enquête de terrain en Andalousie, dans le sud de l’Espagne, sur la connaissance météorologique paysanne et son expression dans la langue orale des proverbes.
Le 21 avril, il a donné une conférence de présentation de l’anthropologie de Jousse dans le cadre du séminaire doctoral international Art et Anthropologie de l’Université de Grenade et de la Fondation EuroArabe.

Un spectacle sur le Modelage de l’Adâm-Terreux

une photo du spectacle

Marcel Jousse a joué un rôle fondamental dans ma vie d’artiste et d’homme tout court.

Il y a une dizaine d’années, j’ai eu une rencontre avec Adâm le Terreux en Israël !

“Faisons le Terreux
d’après notre mimème
et selon notre analogème”
Marcel Jousse – L’Intussusception par Insufflation

De cette rencontre est né un spectacle : “Le Géant de Sel”.

Je partage avec vous un article sur ce travail, illustré de photos du spectacle :

Modelage de l’Adâm-Terreux— Création, créativité et créateurs

Fred Herrera

A propos du spectacle :

Gigante de Sal (Fragmento) from La Sandía on Vimeo.

“De notre corps émane un autre corps : fantastique, monstrueux, intense, rêvé, avec une soif d’éternité…”.

Cette vidéo est un fragment du spectacle de danse Butoh “Gigante de Sal”, conçu et interprété par Fred Herrera. L’auteur définit son œuvre comme “un chant corporel à la nuit antique, œuf primordial où le ver se métamorphose en papillon et où la momie enterrée avec ses trésors parcourt le labyrinthe de sa pyramide en s’abreuvant à la rivière de la mémoire. La danse de l’imagination”.

La pièce a été créée au Costa Rica le 4 juin 2013 au Teatro de la Danza del Centro Nacional de la Cultura (CENAC).

L’équipe de La Sandía est heureuse d’avoir réalisé cette vidéo et exprime sa plus sincère admiration à Fred Herrera pour avoir conçu une œuvre exceptionnelle.

Violences et sociétés au 21ème siècle – Approches croisées

Suite au séminaire du 20 novembre 2021, cette page a vocation à rassembler au fur et à mesure des contributions sur ce thème, pour garder la réflexion ouverte et la développer avec le temps – pourquoi pas avec votre participation ?

Sommaire de la page :

 

Voici un résumé visuel de la problématique proposée comme point de départ du séminaire :

Lire le document d’introduction au séminaire

A travers ces différentes présentations, vous vous apercevrez que le mot “violence” a des significations variables. Il ne s’agit pas en effet d’un concept spécifique dans la pensée de Jousse. D’ailleurs, pour lui, les “idées” n’existent pas en tant que tel (en dehors d’un individu particulier). La question posée par Jousse au sujet des mots que nous employons couramment : quels sont les faits concrets et observables que ce mot désigne pour chacun de vous, en fonction de votre propre expérience du monde et de ce que vous cherchez à exprimer ? Quel est le geste interactionnel sous-jacent que je mets derrière ce mot ? Dès lors, nous pouvons mieux nous approcher de la pensée de l’autre, en essayant de refaire ses gestes et pas seulement en entendant ou en lisant ses mots.
Si vous souhaitez communiquer avec l’un ou l’une des intervenants, écrivez-nous !

 

La colonisation gestuelle : lecture d’un extrait de cours de Marcel Jousse

Muriel Roland, artiste de théâtre, nous donne à entendre un extrait de cours de Marcel Jousse, le 2 mai 1945 à l’École des Hautes Études. Il s’agit d’une sorte de “bande-annonce” faite par le professeur Jousse à son auditoire, car il développera ce thème tout au long de l’année suivante dans ses conférences à l’École d’Anthropologie.

 

Violence, mimisme et désenchantement du monde dans les sociétés du XXIe siècle

Gabriel Bourdin est professeur d’anthropologie à l’UNAM (Mexique). Dans cette communication faite en ouverture du séminaire du 20/11/2021, il présente la perspective de Jousse sur la guerre et la colonisation, comme étant une expression des relations de prédation à l’œuvre dans le monde animal – qu’il s’agit, à l’aide de l’anthropologie du mimisme, de dévoiler, et de dépasser dans des relations de fraternisation. (32 minutes)

 

René Girard et Marcel Jousse : une complémentarité pour comprendre la violence ?

Muriel Roland se nourrit de la pensée de ces deux chercheurs, qui éclairent sa pratique théâtrale et sa compréhension de la condition humaine. Elle partage ici d’une façon orale improvisée en quoi elles peuvent se conjuguer pour expliquer la violence des sociétés humaines (environ 30 min). La vidéo se termine par un échange avec Gabriel Bourdin sur la question du dépassement des logiques sacrificielles.

Pour René Girard, le désir mimétique est à l’origine de la violence humaine. C’est pour réguler cette violence que les communautés ont de tous temps et en tous lieux pratiqué sacrifices et rituels, ceci conduisant à la naissance du sacré, et par conséquent, de la culture. Pour Marcel Jousse, c’est le mimisme qui permet la transmission gestuelle, laquelle humanise littéralement et pacifie les individus comme les communautés. Ces deux versants de la mimésis et leur nécessaire articulation sont au centre du message des évangiles et ce n’est pas un hasard si les deux hommes ont fait du texte biblique leur terrain de prédilection.

 

La vie est un combat : le thème de la violence à travers les cours de Marcel Jousse

Titus Jacquignon a fait sa thèse de doctorat à partir des transcriptions des cours de Marcel Jousse. Il nous donne ici un article de synthèse mettant en lumière différentes facettes de la question de la violence, de la lutte et du combat dans le contenu et la forme de son enseignement oral (environ 1000 conférences sténotypées de façon professionnelle puis transcrites, couvrant la période de 1930 à 1957).

Le sujet de la violence, et plus largement celui de la lutte et du combat, sont omniprésents dans les cours de Marcel Jousse. Pour mieux s’en rendre compte, il suffit d’y rechercher les thèmes opposés : la douceur ou la paix – elles n’y apparaissent que furtivement. En tant que chercheur et professeur, Jousse est un combattant. Il ne se contente pas d’étudier l’être humain à travers son anthropologie, il s’en fait le défenseur contre toutes les conventions sociales et culturelles qui l’empêchent d’être lui-même. Ce positionnement se comprend à travers son parcours personnel, et à travers sa position assumée d’étranger, sur le plan culturel, par rapport au contexte intellectuel parisien où il intervient. Sa manière très personnelle d’enseigner s’inscrit dans une intention de susciter des réactions, des prises de conscience parmi son auditoire. Il veut nous réveiller à ce que nous sommes profondément, et sur cette base, remettre en question la manière dont nous traitons, en tant que société, tout ceux qui de son point de vue sont restés plus vivants : les enfants, les peuples indigènes, les cultures orales et paysannes…

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Comment cesser notre auto-destruction ? Vers une culture de la transformation des traumatismes

Thomas Marshall partage le résultat de son questionnement sur les causes anthropologiques de la crise écologique contemporaine. L’approche gestuelle de Jousse donne l’occasion de mettre en lien des connaissances issues de différents domaines, pour changer notre regard sur la fragilité de la condition humaine.

Les violences exercées de façon intentionnelle ou non par les êtres humains envers leurs congénères et sur les systèmes écologiques ont pris une ampleur telle que leurs effets dans l’espace et le temps échappent radicalement à nos capacités de perception. Notre incapacité collective à tirer des conséquences pratiques des alertes présentées par les scientifiques donne l’impression que les sociétés technologiquement avancées du monde entier sont engagées dans une dynamique d’auto-destruction impactant l’ensemble de la vie sur Terre. Cette situation suscite chez un grand nombre de nos contemporains, les jeunes en particulier, une grande anxiété.
Jousse a notamment nourri son anthropologie du mimisme des observations des cliniciens de la « santé mentale », à la suite des recherches de son maître Pierre Janet. Il a formulé des diagnostics sur les maladies dont notre civilisation était selon lui victime, en s’inspirant de la terminologie médicale. Cette démarche d’investigation psycho-physiologique des maux contemporains de notre espèce mérite d’être réactualisée à la lumière des découvertes de ces dernières décennies sur le système nerveux, et en particulier sur les mécanismes de survie impliqués dans l’apparition, dans la reproduction et dans la possible transformation des traumatismes individuels et collectifs.

Une nouvelle histoire des origines du christianisme présentée au Vatican

Pierre Perrier fait un retour, lors de la Rencontre 2021 de l’Association Marcel Jousse, suite à sa participation à un colloque exceptionnel du Comité Pontifical de Sciences Historiques, du 27 au 29 octobre.

L’enjeu du colloque était de présenter l’état des recherches et de discuter d’une possible remise en question de la vision historique établie depuis la fin du 19ème siècle, basée sur l’étude critique des textes en grecs des Évangiles.

Il en ressort des preuves probantes d’une vaste diffusion, par les apôtres, de l’enseignement de Jésus en araméen. Cette diffusion a été permise par des structures orales traditionnelles de composition et de mémorisation, issues de la culture mésopotamienne ; et aussi par le rôle majeur joué par la diaspora hébraïque dans des échanges commerciaux structurés à travers toute l’Eurasie, de Rome et de l’Espagne à la Chine.

« Enquête sur l’histoire des premiers siècles de l’Église »

Au vu de l’importance de cet événement, nous sommes heureux de partager publiquement la vidéo de cette conférence introductive.

 

Une bibliographie des recherches de Pierre Perrier sur les Évangiles

 

Un résumé de Pierre Perrier sur son intervention

L’enjeu du colloque était d’échanger sur la nécessité ou non d’une remise à jour de la manière dont on raconte l’histoire des débuts de l’Église. Avec 28 contributeurs, de l’Espagne à la Chine, cela couvrait non seulement ce qui eut lieu en Palestine et à Rome, mais plus largement toutes les missions des apôtres et de leurs premiers successeurs.
L’organisateur du Colloque ouvrait ainsi la place à des explications joussiennes sur la composante hébraïque et orale des prédications et de la constitution de l’Église. Les divergences d’interprétation sont fondées sur des positions méthodologiques :

  • soit du côté de l’exégèse et de recherches historiques travaillant à partir de documents écrits,
  • soit du côté des recherches intégrant les découvertes de Jousse sur le Style oral,
  • soit entre ces 2 positions, des approches comprenant l’anthropologie, l’archéologie et la culture.

Nous avons pu faire passer une vision eurasiatique d’échanges intensifs au premiers siècles portant la Bonne Nouvelle par la diaspora hébraïque et un peu de Jousse. On présentera donc cette place de Jousse, directe ou sous jacente dans ce colloque, et le point sur nos travaux bien accueillis mais aussi refusés en Occident seulement par plusieurs, et on essayera de comprendre pourquoi.

Le contenu de cette présentation est développé dans un ouvrage récemment publié :

Retour à la source, éditions du Jubilé

Sommaire de la vidéo :

– Le colloque au Vatican, la participation de Pierre Perrier en lien avec des recherches collectives qui prolongent celles de Jousse sur le style oral araméen.

– (8’10) : commentaires sur les thèmes abordés par les 28 intervenants. Élargissement du périmètre géographique concerné en dehors de l’Empire Romain, en lien avec un réseau commercial hébreu de l’Espagne à la Chine.

– (12’10) Des éléments (re)découverts entrent en contradiction de la version établie. Le rôle majeur de la diaspora hébraïque à Rome et en dehors. Chronologie du voyage de l’apôtre Thomas jusqu’en Inde et en Chine.

– (25’53) L’enjeu : démontrer que les textes des Évangiles portent la marque de structures de composition orales existant au Moyen Orient ; face au consensus occidental d’une composition initiale par écrit et en grec. Le damier mésopotamien comme structure traditionnelle des textes de sagesse oraux.

– (28’50) Source et explication de la localisation des témoignages matériels de l’évangélisation du 1er siècle. L’exemple de la fondation d’une Église en Chine.

– (32’55) Analyse et informations tirées d’un texte de 105 verset issu des Actes de Thomas, le Madrasha de la Rivière de Perles. Des exemples de damiers dans d’autres textes chrétiens du 1er siècle.

– (39’10) Quelle contribution joussienne aux suites du colloque ? La structure en damier donne une cohérence globale aux colliers mnémotechniques mis en évidence par Jousse.

– (42’40) Question sur l’Empire Parthe.

– (44’38) Question sur l’usage des damiers dans l’Orient antique.

– (47’38) Question sur la position de Daniel Marguerat.

– (49’45) Réponse à la réaction de Gabriel Bourdin sur la découverte de la composition en damier.

– (53’00) Question sur le Madrasha / Midrash.

– (54’43) Conversation de Pierre Perrier avec Edgard Sienaert et Clara-Elisabeth Vasseur : pourquoi est-ce si difficile à faire entendre ?

– (1h06) Pour aller plus loin : « Retour à la source » de Pierre Perrier, publié en décembre 2021 aux éditions du Jubilé.

Marcel Jousse et l’anthropologie du geste / Revista Pelicano

Marcel Jousse y la antropologia del gesto : Un article en espagnol de Gabriel Luis Bourdin, Universidad Nacional Autónoma de México, publié dans la revue Pelicano en août 2016.
Nous avons réalisé une traduction en français de cette présentation, rédigée afin de donner à voir aux chercheurs et étudiants en sciences humaines l’importance de l’œuvre de Jousse.

Résumé :

L’œuvre de Marcel Jousse, jésuite, anthropologue et linguiste français (1886-1961), est l’une des créations les plus transcendantes et les plus singulières de la pensée anthropologique du XXe siècle et, curieusement, l’une des moins connues du lecteur spécialisé en anthropologie et en sciences du langage, sans parler du grand public.
L’objectif de cette présentation est de témoigner de la pertinence pérenne de la nouvelle science du geste et du langage inaugurée par Jousse dans la première moitié du vingtième siècle. L’anthropologie du geste est l’ouvrage qui résume la pensée et les recherches de Jousse. Il a été composé sur la base d’un projet de systématisation de son enseignement scientifique, qui était principalement oral. Plusieurs de ses mémoires, initialement publiés séparément, ont été intégrés à cette synthèse.
Le présent article se réfère à une autre source principale pour l’étude de l’œuvre de Jousse, à savoir les cours oraux, donnés par Jousse entre 1931 et 1957 à la Sorbonne, à l’École d’anthropologie et dans d’autres lieux importants d’enseignement supérieur en France, pris en note par des professionnels de la sténotypie et transcrits ultérieurement par G. Baron.

Mots clés : anthropologie, geste, mimisme

Télécharger l’article traduit en français

Télécharger l’article de la Revista Pelicano

Marcel Jousse et Manuel Lekuona

Nous mettons à votre disposition un article en espagnol de Gorka Aulestia publié dans la Revista Internacional de los Estudios Vascos (revue internationale d’études basques) en 1994. Il est intitulé :

Marcel Jousse y Manuel Lekuona : dos pioneros de la literatura oral

(Marcel Jousse et Manuel Lekuona : deux pionniers de la littérature orale).

Un dossier sur Marcel Jousse publié par la revue Transversalités

A l’occasion du dépôt des archives Marcel Jousse (1886-1961) à l’Institut Catholique de Paris, soixante ans après sa mort,  le numéro de la revue Transversalités  d’avril-juin 2021 propose un dossier “Marcel Jousse” dirigé par Camille Riquier, Vice-Recteur à la recherche à l’ICP.

Nous nous réjouissons de cette première publication de l’Institut Catholique de Paris au sujet de l’œuvre de Marcel Jousse , la voie ayant été ouverte par la thèse de doctorat en philosophie de Clara-Elisabeth Vasseur sur Jousse et Bergson. La publication du livre tiré de cette thèse marquante est prévue en 2021.

Merci à tous les auteurs et autrices de ce dossier qui partagent dans les articles leur travail personnel, nous montrant ainsi que la pensée de Jousse peut rester vivante et inspirante à notre époque, dans différents domaines.

Nous vous invitons à partager en commentaires en bas de cet article vos appréciations à propos de l’un ou l’autre de ces articles. Les commentaires hors-sujet ou manquant de respect ne serons pas publiés.

Au sommaire (avec lien vers les résumés)  :

•        Liminaire – Camille Riquier

•        Marcel Jousse : un Kepler de l’ éducation – Rémy Guérinel

•        Penser le réel avec Marcel Jousse et Henri Bergson – Clara-Élisabeth Vasseur

•        Marcel Jousse ou la subversion lumineuse – Bertrand Vergely

•        Conserver, adapter, transformer : Marcel Jousse à l’ épreuve du présent – Jean-Rémi Lapaire

•        Marcel Jousse et la phénoménologie. L’originalité du concept d’ intussusception : en deçà de l’empathie, l’alliance avec la résonance – Natalie Depraz

 

Pour commander un exemplaire papier, il y a deux possibilités.

  • Écrire à la revue : Revue Transversalités – Institut catholique de Paris – Vice-rectorat à la recherche – 21, rue d’Assas – 75270 Paris Cedex 06 ou à l’adresse transversalites [AROBASE] icp.fr
  • ou s’adresser à son libraire qui fera la commande.

Le prix de vente est de 16 euros. Pour les commandes qui arrivent à la revue, l’envoi est fait à réception d’un chèque de 16 euros à l’ordre de “Institut catholique de Paris”.

Le numéro en version numérique peut être acheté directement auprès de Cairn pour 12,90 euros ou chaque article au prix de trois euros.

Séminaire 2021 du Dr Bourdin, en espagnol : du 5 mars au 28 mai

La musicothérapie active, par Willy Bakeroot

Fort d’une longue expérience de praticien et de formateur, Willy Bakeroot présente, dans un ouvrage collectif qui paraît en mars 2021, une démarche thérapeutique pratiquée depuis de nombreuses années : la musicothérapie active.

Il s’inspire notamment des travaux anthropologiques de Marcel Jousse qui nous enseigne le profond ancrage de la parole dans les gestes rythmiques du corps humain. Ces gestes sont reçus par notre corps, depuis notre naissance, à travers toutes les interactions qui se produisent avec les choses, les autres êtres vivants, et spécialement les membres de notre milieu social.

Les sociétés traditionnelles de style oral avaient bien compris que c’est avant tout par la mobilisation du corps qu’on pouvait prendre soin des souffrances des êtres humains et les aider à s’en libérer : sur tous les continents, ces sociétés ont développé, chacune avec leur propre vision du monde et croyances, des pratiques et rituels de guérison intégrant dans une globalité différents types de gestes expressifs : par la voix rythmée et mélodiée, par des instruments sonores, par des mouvements de tout le corps, etc.

Nos sociétés modernes ont séparé et codifié cette globalité expressive dans des arts distincts tels que la musique, le chant, la danse, le théâtre… Une séparation aussi a été établie entre les “artistes” et les “spectateurs”.

Pour retrouver un accès à des formes d’expression plus spontanées et globales, qui avaient quasiment disparu de la culture occidentale, un pédagogue allemand du début du 20ème siècle, Carl Orff, s’est tourné vers des sociétés traditionnelles pour y collecter un ensemble d’ingrédients de base, qu’il faisait explorer à des groupes d’enfants de façon ludique: le Schulwerk.

Willy Bakeroot et plusieurs thérapeutes qu’il a formé présentent dans ce livre les sources d’inspiration de la musicothérapie active, et témoignent concrètement de leur utilisation de ses différents ingrédients dans le cadre d’une relation de soin, et plus particulièrement avec des enfants.

 

Couverture du livre Musicothérapie active de Willy Bakeroot, Dunod, 2021

Cliquez sur l’image pour accéder au sommaire

Willy Bakeroot a été psychomotricien, puis est devenu psychanalyste. musicothérapeute et formateur.
Il a exercé pendant une trentaine d’années en psychothérapie auprès d’enfants, dans plusieurs centres psychopédagogiques de la région parisienne.
Il a animé des formations et ateliers de musicothérapie active pour des professionnels dans les milieux médico-éducatifs et médico-sociaux.
Il nous a quitté le 9 mars 2022. Nous avons publié un texte à sa mémoire.
 

Extraits du préambule

Depuis l’aube des temps, les techniques de soins ont utilisé le registre rythmo-mélodique intimement lié à la parole et aux mouvements dansés du corps. Ces techniques prenaient leurs sens dans les mythologies du moment. Dans ces mythologies s’enracinaient les pratiques orales du récit et du conte soutenues par le rythme musical et la danse.
C’est de cet ensemble d’éléments que s’inspirent les formes de la « Musicothérapie Active » proposée ici.
(…)

Notre champ de travail concerne ce que nous appelons les « désordres psychiques ». Il se base sur une relation transférentielle entre celui qui demande à être aidé et celui qui prétend aider. Au cœur de cette relation se trouve une parole qui s’efforce de faire sens.

Cependant, nous sommes, surtout avec les enfants, en présence d’une parole bien difficile à formuler. C’est sans doute pourquoi le recours aux racines de la parole est précieux. Ces racines sont simples, rythmiques, corporelles, gestuelles et sonores. À l’inverse d’une habitude trop cérébrale de « penser », on comprend ici que parler est un geste issu du corps tout entier. Marcel Jousse le nomme « geste laryngo-buccal ». Le rythmo-musical étant l’enveloppe de la parole.

Dans cette perspective, il fallait trouver avant tout une pratique musicale abordable par les patients. Une manière de musiquer qui libère suffisamment des contraintes de la technique pour porter attention à ce qui est proprement humain : le jeu relationnel.

(…)

J’ai choisi le terme de « musicothérapie active », les nécessités administratives du travail obligeaient à adopter les classifications en cours. Le terme « musicothérapie » formé sur deux racines grecques n’existait pas comme tel en Grèce ancienne. Il s’agit d’un néologisme formulé, au siècle dernier, par quelques soignants. Comme nous ne travaillons pas à partir de la simple écoute d’enregistrements, j’ai opté pour ce qui désigne la spécificité de notre travail : la « musicothérapie active » qui a pour but de redonner au patient une position de sujet parlant.
Les références principales de ce travail sont : les recherches de Carl Orff, celles de Marcel Jousse et celles de la psychanalyse.

Willy BAKEROOT, extraits du préambule de l’ouvrage “Musicothérapie active” (Dunod, 2021)

 

Ce livre, disponible à partir du 17 mars 2021, peut être commandé :

 

Pour en savoir plus sur la musicothérapie active :

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