chercheur, anthropologue, pédagogue

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Le geste à l’ère numérique

Que de changements dans notre univers technique et médiatique depuis les derniers cours de Jousse dans les années 1950 ! Chaque génération d’enfants a grandi dans un monde différent de celui de ses parents, et ce n’est pas terminé ! L’anthropologie du geste et du rythme de Jousse – aussi appelée anthropologie du mimisme – est donc appelée à se renouveler dans l’observation et la prise de conscience des transformations induites par notre entrée dans l’ère numérique.

L’Association Marcel Jousse a souhaité mettre en avant ce thème lors d’un séminaire public qui a eu lieu samedi 18 novembre 2023 à Paris et en visioconférence.

Nous partageons ici les vidéos des présentations réalisées à cette occasion. Nous pourrons aussi compléter cette page au fil du temps avec d’autres contributions et ressources.

Voici quelques questions en toile de fond de notre réflexion.

  • Comment la méthode et la terminologie joussiennes peuvent-elle nous être utiles pour mieux comprendre nos usages des médias, des techniques et des technologies, ainsi que les effets qu’ils ont sur nous, tant qu’individuellement que culturellement ?
  • En quoi ces évolutions sociales, mais aussi scientifiques et techniques, nécessitent-elles de reprendre la pensée de Jousse en la complétant ou la rectifiant – comme il y invitait lui-même ses auditeurs ? « Retournez au réel, mes paroles ne sont que des panneaux indicateurs… »
  • Le modèle de l’anthropologie joussienne – le mimisme – replace au centre de la science, de la société et de la culture, l’Homme vivant et mouvant en son expression multimodale. Cette pensée actualisée peut-elle servir de base à une critique de certaines de ces évolutions technologiques et des idéologies qui les accompagnent ? Peut-elle proposer une alternative pratique ?

Titus Jacquignon : une introduction

Thomas Marshall

“Sentir et voir le numérique en dessous des mots”

Thème annoncé dans le programme du séminaire

Cette présentation propose un essai d’utilisation de la méthode de l’anthropologie du geste pour décrire ce que sont les technologies numériques, en dessous des mots conventionnels utilisés pour les nommer : quels sont leurs gestes caractéristiques et leurs gestes transitoires ? De quoi sont-elles des gestes analogiques ? Quelles histoires nous racontent le vocabulaire du numérique ? L’industrie numérique met-elle en place une stratégie de colonisation culturelle ? Je partirai de mon expérience pour prendre conscience de ce que le mimisme humain fait du numérique, et ce que le numérique fait du mimisme humain. Il sera question de simulation, de simulateurs et de simulacres.

Le texte de la présentation avec des compléments

Rémy Guérinel

“Une prise en main artisanale des outils numériques – de la machine à écrire augmentée à la bureautique digitale”

Thème annoncé dans le programme du séminaire

Mon expérience professionnelle a constitué principalement à accompagner des collaborateurs en entreprise face au changement technologique. Le déploiement des nouvelles applications, qualifiées successivement de micro-informatiques, de bureautiques, de numériques et de digitales, a été progressif, ininterrompu et constamment accéléré. Ma recherche sur l’approche anthropologique singulière de Marcel Jousse s’est faite en parallèle.
Mon milieu professionnel a été pour moi un “laboratoire de prise de conscience”. Mon approche singulière actuelle sur ces sujets se résume en un fait simple : ces éléments “virtuels” nouveaux peuvent être considérés comme des outils à prendre en main comme un artisan traditionnel prend en main un outil face à un matériau brut. Cette analogie se révèle être le fil conducteur de ma pratique.
En cela, rien de neuf, “l’homme est un complexus de gestes”. Face à la nouveauté, il s’agit plus ou moins de monter des gestes nouveaux, dans le changement, de les démonter et de les remonter. Par contre, ces nouveaux outils et matériaux, moins visibles, sont plus complexes à saisir et à empoigner.

Muriel Roland

“De l’homme sans geste au monde sans homme ? Technique versus technologie”

Thème annoncé dans le programme du séminaire

L’inachèvement natif de l’Anthropos, en le privant de comportement d’espèce (instinct naturel), l’oblige à apprendre par le geste mimique, un comportement culturel constitué de « techniques du corps » (Marcel Mauss), les unes universellement humaines (verticalisation, bipédie, langage), les autres propres à sa communauté (langue, savoir-faire quotidien et artisanal, tradition).
Si c’est bien « la Technicité qui fait l’homme » (André Leroi-Gourhan), que nous nous auto-produisons nous-mêmes par le geste interactionnel, quelles sont les conséquences du surdéveloppement des technologies exosomatiques, rendu possible par le numérique, qui font de nous les exécutants d’un monde préfabriqué dans lequel nous nous trouvons sommés de vivre dans une réalité que nous ne pouvons plus co-œuvrer, ni somatiser par le geste ? N’est-ce pas là la promesse d’une réduction drastique des savoir-faire, savoir-être, savoir-sentir et savoir-penser humains que cette même technologie se propose alors « d’augmenter » par ses propres avatars (algorithmes, IA, smart cities, QR codes, nano-puces sous-cutanées, implants cérébraux, robotisation, etc.) ? Si, comme le dit Marcel Jousse, « le geste, c’est l’homme », que peut-il advenir de lui s’il est privé du geste ?

Gabriel Bourdin

“Pensée gestuelle et algèbre numérique”

Thème annoncé dans le programme du séminaire

Jousse a conçu le déroulement de la pensée humaine comme une séquence de styles expressifs. Cette séquence n’est pas linéaire. Les styles expressifs concourent, se chevauchent et fusionnent en unités mimodramatiques multimodales. L’anthropologie du geste reconnaît l’interaction de ces styles dans l’humanité d’aujourd’hui, même si les ressources gestuelles de l’expression et de la pensée sont souvent atrophiées par la pédagogie moderne de tradition livresque. En effet, et malgré l’algébrose de la pensée moderne et écrite qui prévaut dans la société occidentale ou occidentalisée, l’individu moyen reste une manifestation plus ou moins congruente de tous ces modes d’expression combinés. Sauf handicap éventuel ou carence psychosociale et éducative, nous pouvons encore tous chanter, danser et inventer de petites histoires comiques lors d’une fête. Cependant, le spectre de la déshumanisation par ce que l’on peut appeler une civilisation technologique basée sur des circuits logiques-numériques nous guette. L’anthropologie du geste peut-elle nous apporter de la lucidité face aux promesses de l’idéologie transhumaniste et de ses applications technologiques ?

Résumé de la présentation en français, espagnol et anglais

Le texte préparé pour cette communication (Ajout le 18/09/2024)

Présentation sur Jousse au Comité International de la Danse – 2/12/2023

Le Conseil International de la Danse est une ONG internationale sans but lucratif, qui est partenaire de l’UNESCO depuis sa fondation en 1973. Elle fédère plusieurs milliers de membres (personnes et organisations) dans 170 pays. Ils ont lancé le programme « Danse et Spiritualité » qui traite du rapport de la danse et des artistes avec le spirituel.

Suite à la suggestion de France Schott Billmann, l’Association Marcel Jousse a été contactée par le responsable de ce programme, Constantin Kontogiannis. Les premiers échanges ont abouti à la programmation d’une conférence de Titus Jacquignon. Une belle occasion de faire découvrir les recherches anthropologiques de Jousse dans ce milieu qui se préoccupe des danses en tant que patrimoine culturel vivant à reconnaître et à préserver.

Marcel Jousse : Anthropologie de l’Expression

Présentation par Titus Jacquignon, Docteur en sciences du langage

Samedi 2 décembre à 16h00 (heure de Paris)

Programme prévisionnel

Langage : en français, avec traduction en anglais

Lien zoom : https://us02web.zoom.us/j/9414526266

Pour vous inscrire, écrire à DanceAndSpirituality@gmail.com

Pour en savoir plus :

  • Le document de présentation du programme Danse et Spiritualité

Présentations des recherches de Muriel Roland (2023)

Nous avons le plaisir d’annoncer la prochaine soutenance de la thèse de Muriel Roland, membre active de l’Association Marcel Jousse, ainsi que deux occasions de l’entendre présenter les fruits de son travail, en novembre et décembre.

Qui est Muriel Roland ?

Muriel Roland, artiste de théâtre, formée à l’École Internationale de Mimodrame Marcel Marceau de Paris (1983-86), co-fondatrice de la Cie SourouS, du Festival Auteurs en Acte, de l’Escuela nacional de teatro – Santa Cruz-Bolivie, vient d’achever une thèse de doctorat sur le geste de l’acteur, sous la direction du Pr. Katia Légeret, (Université Paris 8). Depuis 30 ans, l’œuvre de Marcel Jousse est pour elle une source vive et intarissable d’inspiration.

Lors des années passées, elle a proposé plusieurs interventions dans le cadre de l’Association Marcel Jousse, notamment lors des séminaires dont les vidéos sont publiées sur notre chaîne You Tube. Elle s’intéresse aussi beaucoup à la pensée de René Girard, qu’elle met en lien avec celle de Jousse, notamment pour mieux comprendre la violence.

Sa thèse de doctorat

Faisant retour sur une riche carrière artistique et pédagogique, Muriel Roland a réussi à aboutir son projet de recherche et d’écriture, dans le cadre exigeant d’une thèse de doctorat – tout en continuant en parallèle ses activité théâtrales ! Nous lui adressons toutes nos félicitations pour cet aboutissement et sommes impatients de pouvoir lire son travail. Le résumé ci-dessous, qu’elle a rédigé, montre bien l’ambition et la richesse intellectuelle d’un travail, qui est à la fois profondément incarné dans ses expériences.

Le rituel universitaire de la soutenance de sa thèse sera l’occasion de la réception de ce travail dans le cadre de la communauté scientifique interdisciplinaire des études théâtrales. Cet événement aura lieu lundi 20 novembre à l’Université Paris 8 à Saint Denis. Il n’est malheureusement pas ouvert au public du fait de la petite taille de la salle disponible.

Poïétique du geste de l’acteur au théâtre – Thèse sous la direction de Madame Katia Légeret. Laboratoire de rattachement : Scènes du monde, création, savoirs critiques – UFR : Arts, philosophie, esthétique

Membres du jury :

  • Nathalie Coutelet, professeure, Université Paris 8.
  • Katia Légeret, professeure, Université Paris 8.
  • Doina Petrescu, professeure, Université de Sheffield
  • Jean-Pierre Triffaux, professeur, Université Côte d’Azur

 

Résumé :

La présente thèse trouve son origine dans la pratique du théâtre et du métier d’actrice de son autrice ; elle vise à penser la nature du geste, et plus particulièrement celle du geste théâtral dans une perspective cosmologique, anthropologique et historique.

En prenant appui sur l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, la philosophie taoïste, la logique antagoniste de Stéphane Lupasco et ses développements par Basarab Nicolescu, elle envisage le corps humain comme « le microcosme qui réverbère le macrocosme », c’est-à-dire comme étant régi par les lois même de l’univers et de la nature, ce qui fait l’objet de la première partie.

En s’arrêtant sur les conséquences de la verticalisation de l’humain et de son inachèvement à la naissance (néoténie), la seconde partie pointe les particularités d’un comportement d’espèce qui conduit l’humain à intégrer ses traits invariants (verticalisation, bipédie, langage) et particuliers (cultures) par le biais d’un processus d’apprentissage qui le singularise et le caractérise : le geste mimique.

La troisième partie examine – à partir du théâtre grec antique et à l’aune notamment de la pensée de René Girard – comment le théâtre, en représentant à la fois le peuple (à travers le chœur) et l’ancien sacrifié (à travers l’acteur) opère le prolongement de la scène rituelle ainsi que sa mise à distance pour le spectateur (ancien lyncheur). Cette évolution informe en profondeur les « techniques du corps » (Marcel Mauss) de l’acteur, qui retourne optiquement l’ancienne aire sacrée pour la transformer en scène d’incarnation agonistique (agôn, « lutte, combat »). Simultanément, en frère du poète-dramaturge et du didascalos-metteur en scène, l’acteur est aussi porteur du récit et compositeur méticuleux de la conduite de sa partition gestuelle dans l’espace et la durée. Il lui faut alors combiner transe et maîtrise. L’inscription corporelle de ce paradoxe est évoquée à travers les techniques de l’acteur marionnettique et des « trois corps en un » de la tradition chinoise (Shēn Tĭ- marionnette-corps physique ; Shēn Yì- marionnettiste- corps d’intention ; Shēn Qì- fil- corps énergétique) que l’on retrouve chez Marcel Marceau, Antonin Artaud, comme dans le Nāṭya-śāstra (traité antique de l’hindouisme donnant les bases et principes du théâtre indien).

L’ensemble de cette thèse vise à interroger les conditions par lesquelles le geste de l’acteur et l’art du théâtre tout entier pourraient contribuer à une ré-instauration de la poïèsis (art ou acte de fabriquer) dans nos vies marquées par la disparition accélérée – au profit des seules technologies exosomatiques – des techniques gestuelles, corporelles et relationnelles constitutives de notre humanité.

 

Présentations publiques

Vous aurez l’opportunité d’entendre et de voir Muriel Roland partager les fruits de son travail à deux occasions.

  • Samedi 18 novembre (16 h 15-17h) : “De l’homme sans geste au monde sans homme ? Technique versus technologie”

A Paris ou en visioconférence, Muriel Roland présentera cette facette de sa thèse qui questionne les impacts des nouvelles technologies, dans le cadre du séminaire organisé par l’Association Marcel Jousse : “Le geste à l’ère du numérique” (14h-18h).
Pour en savoir plus

  • Mardi 5 décembre (13 h 30-14h45) : “Les trois corps de l’acteur, enraciné-suspendu, entre transe et maîtrise”

Cette conférence gestuée aura lieu au Théâtre L’Echangeur à Bagnolet, dans le cadre des Rencontres publiques autour du Vaudou haïtien, des pratiques rituelles et des arts de la transformation. Elle abordera de nombreuses thématiques de ses recherches. Elle sera suivie d’une courte pratique (pour les volontaires) et d’une discussion.

Si le trac est le souvenir corporel d’une ancienne traque ; si tragédie, « chant du bouc » (émissaire) signifie d’abord le chant rituel accompagnant le sacrifice du bouc aux fêtes de Dionysos à l’époque archaïque ; « si le théâtre est fait pour permettre à nos refoulements de prendre vie » (Antonin Artaud), nous pouvons considérer l’acteur comme le fantôme de la victime sacrificielle, relevé de son cadavre, revenant jouer « comme un supplicié que l’on brûle et qui fait des signes sur son bûcher » (Antonin Artaud). Ceci éclaire la fabrique de nombreuses « techniques du corps » de l’acteur qui retourne optiquement l’ancienne aire rituelle pour la transformer en scène d’incarnation agonistique (agôn, « lutte, combat »). Simultanément, en frère du poète-dramaturge et du didascalos-metteur en scène, l’acteur est aussi porteur du récit et compositeur méticuleux de la conduite de sa partition gestuelle dans l’espace et la durée. Il lui faut alors combiner transe et maîtrise. C’est l’inscription corporelle de ce paradoxe qui sera ici explorée, à travers l’évocation gestuelle de l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, de l’acteur marionnettique et des « trois corps en un » de la tradition chinoise (Shēn Tĭ- marionnette-corps physique ; Shēn Yì- marionnettiste- corps d’intention; Shēn Qì- fil- corps énergétique) que l’on retrouve chez Marcel Marceau, Antonin Artaud, dans le Nāṭya-śāstra (traité antique de l’hindouisme donnant les bases du théâtre indien) ainsi que dans le texte de Heinrich von Kleist Sur le théâtre de marionnettes.

Cette présentation s’inscrit dans le cadre des rencontres publiques autour du vodou haïtien, des pratiques rituelles et des arts de la transformation : Interventions scientifiques, artistiques et projections de films anthropologiques avec des enseignants chercheurs d’universités françaises et haïtiennes – LUNDI 4 & MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 | 13h30 > 19h00

Réservation gratuite en ligne pour les rencontres

Autres activités autour des arts vivants du vodou haïtien

Muriel Roland collabore depuis quelques années avec des chercheurs explorant les arts de la transformation, sur et en dehors de la scène théâtrale. Nous relayons donc à sa demande l’annonce des autres activités prévues sur ce thème au théâtre de Bagnolet.

Programme général

Pour réserver gratuitement (et rapidement), cliquez sur les liens ci-dessous :

  • SAMEDI 2 & DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2023 | 10h00 > 13h00
    Ateliers pratiques de chants et danses vodou haïtien
    Dirigés par Mambo Ninie et 4 artistes haïtiens des communautés du vodou Madame Nerval et Legphibao

Réservation gratuite en ligne pour les ateliers

  • MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Performance sur la piété et l’échange entre les hommes et les dieux
    De Stéphane Poliakov & Hugues Badet

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • MERCREDI 6 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Performance. Action rituelle
    Laboratoire international des arts de la transformation ; rituels du vodou haïtien et tragédies grecques et classiques françaises
    Avec Marie-Suze Jean-Baptiste, Dalia Jean, Mirlande Merville, Nadilie Charles, Saintelus Candy, Luis Strong Megie, Sarah Periquet. Direction Fabrice Nicot.

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Franchir la barrière
    Performance. Action rituelle
    Avec Marie-Suze Jean-Baptiste, Dalia Jean, Mirlande Merville, Nadilie Charles, Saintelus Candy, Luis Strong Megie. Direction Fabrice Nicot.

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • 9-13 JANVIER 2024
    Les Bonnes – Matériau
    Performance. Spectacle
    Institut Grotowski de Wroclaw et Atelier Wachowicz/Fret
    Avec Marie Suze Jean Baptiste, Katya Egorova, Elisa Guarraggi, Aleksandra Kugacz-Semerci, Monika Wachowicz, Marie Walker, Gey Pin Ang.

Présentation et réservation

De l’actualité du paysanisme

Marcel Jousse (1886-1961) fonde une méthode anthropologique originale au début des années 30 : l’anthropologie du geste et du rythme, qu’il enseigne en Sorbonne et dans d’autres établissements parisiens jusqu’en 1957. Le paysanisme figure parmi les éléments constitutifs de sa méthode. Le terme peut paraître étrange. Le professeur Jousse s’en explique : « Nous avons donné au mot “paysan” un sens universel. (…) Être paysan, c’est être in-formé par son pays. » (cours du 28/01/1955)

L’Association Marcel Jousse a souhaité mettre en avant ce thème lors d’un séminaire public qui a eu lieu le 19 novembre 2023 dans les locaux de l’Institut Catholique de Paris. Edgard Sienaert (Afrique du Sud) a organisé ce séminaire. Le grand intérêt suscité par ces communications auprès de l’auditoire nous incite à les publier ici, en vidéo et/ou en textes. Nous pourrons également enrichir ultérieurement cette page d’autres apports.

Paysanisme

Nous vous invitons à découvrir un aspect de l’anthropologie joussienne qui se révèle être particulièrement en prise avec notre actualité écologique : une anthropologie de l’habitant et de l’habitat, du pays et du paysage, en interaction – l’habitant habite et modèle son paysage, le paysage habite et modèle les habitants. Marcel Jousse a élargi et approfondi ce thème du pays et du paysan en le situant à la racine d’une anthropologie de la connaissance et de l’expression et aux fondements de la culture ; le thème du paysanisme représente aussi une entrée pour comprendre le style d’enseignement du professeur Jousse et introduit à sa méthode anthropologique.

Le point de départ proposé pour cette exploration est un extrait du cours de Jousse à l’École d’Anthropologie, le 23 janvier 1950 :

Si nous adhérons au pays, c’est que nous adhérons au Paysage …
Toute cette clarté, tous ces élancements de peupliers, toutes ces haies si bien divisantes, toutes ces routes si bien conduisantes, comme tout cela nous a formés !
Taine disait qu’il fallait rechercher la terre dans la formation des esprits. Je le crois bien ! Que serions-nous donc si les gestes de la terre ne nous avaient pas modelés !
Si vous voulez comprendre le Joussisme, qui est le Mimisme à sa proie attachée, allez sur le petit pont de Beaumont et regardez la Sarthe avec ses peupliers reflétants et reflétés, en écho chosal.
Allez à St Christophe-du-Jambet, où ma mère a été élevée, et vous saurez ce que c’est qu’une Université paysanne, maîtresse d’elle-même parce que coordonnée.
Le Paysanisme, adhérent au Pays, adhérent au Paysage, adhérent aux Paysans.

 

Titus Jacquignon

« Paysan et fier de l’être : une “pride“ rurale et conservatrice ou un geste méthodologique et un style d’enseignement ? »

 

Gabriel Bourdin

Vidéo : « Les cabañuelas : la prévision du temps et ses proverbes »

 

Article : « Les cabañuelas : la prévision du temps et ses proverbes »

 

Muriel Roland

« Le paysanisme ou la co-création du monde par un anthropos oeuvrier »

 

Ressources

Le sens concret de “pays”  (citations tirée d’un cours de Jousse).

L’anthropologie du geste et les proverbes de la terre par Adolphe Thomas, Revue Anthropologique (1941).

Songlines : une exposition au musée du Quai Branly à Paris, issue des communautés aborigènes d’Australie contemporaines (4 avril – 2 juillet 2023) :
Les peintures y sont porteuses des connaissances concrètes et analogiques des Aborigènes sur leurs territoires ancestraux, leurs “pays”.
Margo Neale, commissaire générale de l’exposition, explique dans une interview (page 4) :

Dans la vision aborigène du monde, le territoire n’a pas le même sens que pour le monde occidental, où il renvoie simplement à une géographie ou à une surface physique. Pour les populations aborigènes, le Pays est un concept multidimensionnel qui inclut tout. Il n’y a pas de distinction entre les mondes animé et inanimé. Tout est vivant, tout a sa place : les gens, les animaux, les plantes, la terre, l’eau et l’air. Le Pays a été créé par des êtres ancestraux qui s’incarnent dans les particularités d’un paysage.

L’anthropologie du geste se fait connaître en Espagne et en Amérique latine

Francisco Garcia a présenté lors des dernières rencontres de l’Association Marcel Jousse en novembre 2021, les dernières initiatives de diffusion de la pensée de Jousse dans le monde hispanophone. Nous mettons ici à jour son texte avec des actualités plus récentes.

Activités réalisées en espagnol au cours des années 2020 et 2021

Il faut tout d’abord souligner la promotion de la pensée de Marcel Jousse faite par le professeur Gabriel Bourdin. Je n’en citerai que deux :

  • Deux séminaires à l’UNAM

Le professeur Gabriel Bourdin, en tant qu’enseignant d’anthropologie à l’UNAM (Université Nationale Autonome du Mexique), et lié à l’Institut de Recherches Anthropologiques de la même Université, a dirigé cette année deux séminaires d’Anthropologie.

Le premier s’est tenu de mars à mai 2021 où il a traité la question : La vie des gestes dans la vie quotidienne. Éléments d’anthropologie joussienne. Cette étude a été poursuivie lors du second séminaire de septembre à novembre 2021. Ces deux séminaires étaient en sessions virtuelles de 4 heures hebdomadaires (le vendredi).

  • Inauguration d’un réseau social Marcel Jousse

En août 2021 a été inauguré un réseau social hispanophone intitulé “Red Marcel Jousse”, sur la plateforme Whaller. Avec cette initiative et grâce à la coordination conjointe de Thomas Marshall et de Gabriel Bourdin, l’information et la proximité des personnes intéressées par l’anthropologie du geste de Marcel Jousse en Amérique latine, en Espagne et en France deviennent plus étroites.

Tant les séminaires de l’UNAM que le réseau social ont mis en contact des personnes venant du Mexique, d’Argentine, de Bolivie, de Colombie, du Brésil, du Chili, d’Uruguay et d’Espagne, entre autres.

  • Dr. Francisco Moya et des médecins chrétiens

À la fin de l’année 2020, le Dr. Francisco Moya, médecin espagnol spécialiste en radiographie, a publié sur sa chaîne YouTube une conférence intitulée : « Neuf thèses de la pensée de Marcel Jousse dans son Anthropologie du geste » (ici traduite en français), qui s’avère être une bonne synthèse en espagnol, et qui compte à ce jour plus de 2600 visites. Francisco Moya est le fondateur de la palingénésie (qui signifie « renaître »). La Palingénésie de la Personne est une nouvelle méthode, inspirée du philosophe espagnol Leonardo Polo, qui vise la guérison de la personne par la pleine conscience de son passé. Il a également trouvé des points d’ancrage important dans l’Anthropologie du Geste de Marcel Jousse. Autour du docteur Moya se retrouvent des chercheurs d’origine espagnole, latino-américaine et européenne qui s’intéressent à cette méthode. Certains d’entre eux ont suivi une formation sur l’Anthropologie du Geste et sur les travaux de Pierre Perrier, donnée par le professeur Francisco José López à Almodóvar del Campo (Ciudad Real). Ils préconisent un chemin de guérison par la voie du geste. Ils prévoient de se réunir plus souvent à l’avenir.

Publications en espagnol

En 2020, deux publications importantes ont été éditées en espagnol.

« La Jungla Antropológica. Una introducción a la antropología del gesto y el mimismo de Marcel Jousse » écrite par Gabriel Bourdin et publiée par l’Institut de Recherches Anthropologiques de l’Université National Autonome de Mexique (UNAM).
Ce livre peut désormais être commandé en ligne. Ce livre a fait l’objet d’une note de lecture par une anthropologue brésilienne, dont nous avons trouvé intéressant de publier une version traduite en français.

En voici la présentation par l’auteur en 4ème de couverture :

Pour les lecteurs hispanophones, l’anthropologie de Jousse est inconnue. Les auteurs qui ont inclus des références à Jousse dans notre langue se comptent “sur les doigts d’une main”, pour reprendre la figure gestuelle de la numérotation “primordiale”, qui plaisait beaucoup à notre auteur. Le présent travail vise à soumettre à la considération du lecteur hispanophone et surtout du chercheur en sciences humaines une nouvelle approche méthodologique, dotée d’un énorme potentiel. En guise d’objectif intermédiaire, l’auteur tente des applications possibles de la création joussienne au vaste horizon des traditions de style oral originaires du continent américain.

L’UNAM vient aussi de publier la traduction en espagnol du livre Le Style Oral de Marcel Jousse (1925), sous le titre « El Estilo Oral rítmico y mnemotécnico entre los verbo-motores ». La traduction a été assurée par le professeur Bourdin et son épouse Leonor Teso Gentile (d’heureuse mémoire), avec un avant-propos d’Edgard Sienaert. Gabriel Bourdin a fait précéder le texte d’une riche introduction afin de mettre en perspective pour les lecteurs contemporains cette œuvre inaugurale de Jousse . Cette publication en espagnol a bénéficié d’une présentation officielle lors de l’anniversaire des quarante-huit ans de l’Institut de Recherches Anthropologiques de l’UNAM, transmis par Zoom.
Ce livre peut désormais être commandé en ligne.

De nouvelles publications en espagnol.

En mai 2022, un dossier sur l’anthropologie du geste a été publié dans la revue Mundaú, une revue électronique d’anthropologie, éditée par le programme post-licence en Anthropologie de l’Institut des Sciences Sociales de l’Université Fédérale d’Alagoas (Brésil). Il est intéressant de noter qu’elle publie ses articles en anglais, français, portugais et espagnol. Parmi d’autres contributions, vous y trouverez des articles écrits par deux chercheurs ayant suivi le séminaire de Gabriel Bourdin et par Titus Jacquignon, doctorant et membre du Bureau de l’Association Marcel Jousse, sous le titre : Le caractère fondamental de l’expérience indienne de Marcel Jousse dans la création de sa méthode anthropologique.

Une traduction en espagnol de l’ouvrage édité par Gallimard, L’Anthropologie du Geste, est également en cours.

Des conférences récentes en espagnol

Lundi 29 novembre 2021 a eu lieu une conférence sous le titre : « L’Anthropologie du Geste de Marcel Jousse : nouvelles recherches sur l’oralité », à l’Université Ecclésiastique San Dámaso (Madrid). Elle s’inscrit dans la 4ème journée du cycle de conférences intitulé : « La pédagogie de l’Église des Apôtres ». Elle a été donnée conjointement par le professeur Francisco José López Sáez et par Francisco García Baca (doctorant). Elle propose une introduction biographique sur Marcel Jousse et une initiation à son Anthropologie du Geste, suivie d’une brève présentation des nouvelles recherches sur l’oralité. L’importance de cette conférence revient surtout parce qu’elle est l’une des premières expositions formelles sur l’Anthropologie du Geste de Marcel Jousse dans le domaine universitaire espagnol, et aussi parce qu’elle a eu lieu à l’université ecclésiastique San Dámaso, institution académique importante en Espagne. En voici la vidéo :

Le professeur Bourdin poursuit son activité de recherche et de conférences. Il consacre plusieurs mois en 2022 à une enquête de terrain en Andalousie, dans le sud de l’Espagne, sur la connaissance météorologique paysanne et son expression dans la langue orale des proverbes.
Le 21 avril, il a donné une conférence de présentation de l’anthropologie de Jousse dans le cadre du séminaire doctoral international Art et Anthropologie de l’Université de Grenade et de la Fondation EuroArabe.

Violences et sociétés au 21ème siècle – Approches croisées

Suite au séminaire du 20 novembre 2021, cette page a vocation à rassembler au fur et à mesure des contributions sur ce thème, pour garder la réflexion ouverte et la développer avec le temps – pourquoi pas avec votre participation ?

Sommaire de la page :

 

Voici un résumé visuel de la problématique proposée comme point de départ du séminaire :

Lire le document d’introduction au séminaire

A travers ces différentes présentations, vous vous apercevrez que le mot “violence” a des significations variables. Il ne s’agit pas en effet d’un concept spécifique dans la pensée de Jousse. D’ailleurs, pour lui, les “idées” n’existent pas en tant que tel (en dehors d’un individu particulier). La question posée par Jousse au sujet des mots que nous employons couramment : quels sont les faits concrets et observables que ce mot désigne pour chacun de vous, en fonction de votre propre expérience du monde et de ce que vous cherchez à exprimer ? Quel est le geste interactionnel sous-jacent que je mets derrière ce mot ? Dès lors, nous pouvons mieux nous approcher de la pensée de l’autre, en essayant de refaire ses gestes et pas seulement en entendant ou en lisant ses mots.
Si vous souhaitez communiquer avec l’un ou l’une des intervenants, écrivez-nous !

 

La colonisation gestuelle : lecture d’un extrait de cours de Marcel Jousse

Muriel Roland, artiste de théâtre, nous donne à entendre un extrait de cours de Marcel Jousse, le 2 mai 1945 à l’École des Hautes Études. Il s’agit d’une sorte de “bande-annonce” faite par le professeur Jousse à son auditoire, car il développera ce thème tout au long de l’année suivante dans ses conférences à l’École d’Anthropologie.

 

Violence, mimisme et désenchantement du monde dans les sociétés du XXIe siècle

Gabriel Bourdin est professeur d’anthropologie à l’UNAM (Mexique). Dans cette communication faite en ouverture du séminaire du 20/11/2021, il présente la perspective de Jousse sur la guerre et la colonisation, comme étant une expression des relations de prédation à l’œuvre dans le monde animal – qu’il s’agit, à l’aide de l’anthropologie du mimisme, de dévoiler, et de dépasser dans des relations de fraternisation. (32 minutes)

 

René Girard et Marcel Jousse : une complémentarité pour comprendre la violence ?

Muriel Roland se nourrit de la pensée de ces deux chercheurs, qui éclairent sa pratique théâtrale et sa compréhension de la condition humaine. Elle partage ici d’une façon orale improvisée en quoi elles peuvent se conjuguer pour expliquer la violence des sociétés humaines (environ 30 min). La vidéo se termine par un échange avec Gabriel Bourdin sur la question du dépassement des logiques sacrificielles.

Pour René Girard, le désir mimétique est à l’origine de la violence humaine. C’est pour réguler cette violence que les communautés ont de tous temps et en tous lieux pratiqué sacrifices et rituels, ceci conduisant à la naissance du sacré, et par conséquent, de la culture. Pour Marcel Jousse, c’est le mimisme qui permet la transmission gestuelle, laquelle humanise littéralement et pacifie les individus comme les communautés. Ces deux versants de la mimésis et leur nécessaire articulation sont au centre du message des évangiles et ce n’est pas un hasard si les deux hommes ont fait du texte biblique leur terrain de prédilection.

 

La vie est un combat : le thème de la violence à travers les cours de Marcel Jousse

Titus Jacquignon a fait sa thèse de doctorat à partir des transcriptions des cours de Marcel Jousse. Il nous donne ici un article de synthèse mettant en lumière différentes facettes de la question de la violence, de la lutte et du combat dans le contenu et la forme de son enseignement oral (environ 1000 conférences sténotypées de façon professionnelle puis transcrites, couvrant la période de 1930 à 1957).

Le sujet de la violence, et plus largement celui de la lutte et du combat, sont omniprésents dans les cours de Marcel Jousse. Pour mieux s’en rendre compte, il suffit d’y rechercher les thèmes opposés : la douceur ou la paix – elles n’y apparaissent que furtivement. En tant que chercheur et professeur, Jousse est un combattant. Il ne se contente pas d’étudier l’être humain à travers son anthropologie, il s’en fait le défenseur contre toutes les conventions sociales et culturelles qui l’empêchent d’être lui-même. Ce positionnement se comprend à travers son parcours personnel, et à travers sa position assumée d’étranger, sur le plan culturel, par rapport au contexte intellectuel parisien où il intervient. Sa manière très personnelle d’enseigner s’inscrit dans une intention de susciter des réactions, des prises de conscience parmi son auditoire. Il veut nous réveiller à ce que nous sommes profondément, et sur cette base, remettre en question la manière dont nous traitons, en tant que société, tout ceux qui de son point de vue sont restés plus vivants : les enfants, les peuples indigènes, les cultures orales et paysannes…

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Comment cesser notre auto-destruction ? Vers une culture de la transformation des traumatismes

Thomas Marshall partage le résultat de son questionnement sur les causes anthropologiques de la crise écologique contemporaine. L’approche gestuelle de Jousse donne l’occasion de mettre en lien des connaissances issues de différents domaines, pour changer notre regard sur la fragilité de la condition humaine.

Les violences exercées de façon intentionnelle ou non par les êtres humains envers leurs congénères et sur les systèmes écologiques ont pris une ampleur telle que leurs effets dans l’espace et le temps échappent radicalement à nos capacités de perception. Notre incapacité collective à tirer des conséquences pratiques des alertes présentées par les scientifiques donne l’impression que les sociétés technologiquement avancées du monde entier sont engagées dans une dynamique d’auto-destruction impactant l’ensemble de la vie sur Terre. Cette situation suscite chez un grand nombre de nos contemporains, les jeunes en particulier, une grande anxiété.
Jousse a notamment nourri son anthropologie du mimisme des observations des cliniciens de la « santé mentale », à la suite des recherches de son maître Pierre Janet. Il a formulé des diagnostics sur les maladies dont notre civilisation était selon lui victime, en s’inspirant de la terminologie médicale. Cette démarche d’investigation psycho-physiologique des maux contemporains de notre espèce mérite d’être réactualisée à la lumière des découvertes de ces dernières décennies sur le système nerveux, et en particulier sur les mécanismes de survie impliqués dans l’apparition, dans la reproduction et dans la possible transformation des traumatismes individuels et collectifs.

Une nouvelle histoire des origines du christianisme présentée au Vatican

Pierre Perrier fait un retour, lors de la Rencontre 2021 de l’Association Marcel Jousse, suite à sa participation à un colloque exceptionnel du Comité Pontifical de Sciences Historiques, du 27 au 29 octobre.

L’enjeu du colloque était de présenter l’état des recherches et de discuter d’une possible remise en question de la vision historique établie depuis la fin du 19ème siècle, basée sur l’étude critique des textes en grecs des Évangiles.

Il en ressort des preuves probantes d’une vaste diffusion, par les apôtres, de l’enseignement de Jésus en araméen. Cette diffusion a été permise par des structures orales traditionnelles de composition et de mémorisation, issues de la culture mésopotamienne ; et aussi par le rôle majeur joué par la diaspora hébraïque dans des échanges commerciaux structurés à travers toute l’Eurasie, de Rome et de l’Espagne à la Chine.

« Enquête sur l’histoire des premiers siècles de l’Église »

Au vu de l’importance de cet événement, nous sommes heureux de partager publiquement la vidéo de cette conférence introductive.

 

Une bibliographie des recherches de Pierre Perrier sur les Évangiles

 

Un résumé de Pierre Perrier sur son intervention

L’enjeu du colloque était d’échanger sur la nécessité ou non d’une remise à jour de la manière dont on raconte l’histoire des débuts de l’Église. Avec 28 contributeurs, de l’Espagne à la Chine, cela couvrait non seulement ce qui eut lieu en Palestine et à Rome, mais plus largement toutes les missions des apôtres et de leurs premiers successeurs.
L’organisateur du Colloque ouvrait ainsi la place à des explications joussiennes sur la composante hébraïque et orale des prédications et de la constitution de l’Église. Les divergences d’interprétation sont fondées sur des positions méthodologiques :

  • soit du côté de l’exégèse et de recherches historiques travaillant à partir de documents écrits,
  • soit du côté des recherches intégrant les découvertes de Jousse sur le Style oral,
  • soit entre ces 2 positions, des approches comprenant l’anthropologie, l’archéologie et la culture.

Nous avons pu faire passer une vision eurasiatique d’échanges intensifs au premiers siècles portant la Bonne Nouvelle par la diaspora hébraïque et un peu de Jousse. On présentera donc cette place de Jousse, directe ou sous jacente dans ce colloque, et le point sur nos travaux bien accueillis mais aussi refusés en Occident seulement par plusieurs, et on essayera de comprendre pourquoi.

Le contenu de cette présentation est développé dans un ouvrage récemment publié :

Retour à la source, éditions du Jubilé

Sommaire de la vidéo :

– Le colloque au Vatican, la participation de Pierre Perrier en lien avec des recherches collectives qui prolongent celles de Jousse sur le style oral araméen.

– (8’10) : commentaires sur les thèmes abordés par les 28 intervenants. Élargissement du périmètre géographique concerné en dehors de l’Empire Romain, en lien avec un réseau commercial hébreu de l’Espagne à la Chine.

– (12’10) Des éléments (re)découverts entrent en contradiction de la version établie. Le rôle majeur de la diaspora hébraïque à Rome et en dehors. Chronologie du voyage de l’apôtre Thomas jusqu’en Inde et en Chine.

– (25’53) L’enjeu : démontrer que les textes des Évangiles portent la marque de structures de composition orales existant au Moyen Orient ; face au consensus occidental d’une composition initiale par écrit et en grec. Le damier mésopotamien comme structure traditionnelle des textes de sagesse oraux.

– (28’50) Source et explication de la localisation des témoignages matériels de l’évangélisation du 1er siècle. L’exemple de la fondation d’une Église en Chine.

– (32’55) Analyse et informations tirées d’un texte de 105 verset issu des Actes de Thomas, le Madrasha de la Rivière de Perles. Des exemples de damiers dans d’autres textes chrétiens du 1er siècle.

– (39’10) Quelle contribution joussienne aux suites du colloque ? La structure en damier donne une cohérence globale aux colliers mnémotechniques mis en évidence par Jousse.

– (42’40) Question sur l’Empire Parthe.

– (44’38) Question sur l’usage des damiers dans l’Orient antique.

– (47’38) Question sur la position de Daniel Marguerat.

– (49’45) Réponse à la réaction de Gabriel Bourdin sur la découverte de la composition en damier.

– (53’00) Question sur le Madrasha / Midrash.

– (54’43) Conversation de Pierre Perrier avec Edgard Sienaert et Clara-Elisabeth Vasseur : pourquoi est-ce si difficile à faire entendre ?

– (1h06) Pour aller plus loin : « Retour à la source » de Pierre Perrier, publié en décembre 2021 aux éditions du Jubilé.

Séminaire 2021 du Dr Bourdin, en espagnol : du 5 mars au 28 mai

Conférences : L’anthropologie du geste au Mexique

[:fr]

Gabriel Bourdin, Anthropologue de l’Institut de recherches anthropologiques, à l’Université Nationale autonome de Mexico, est présent actuellement à Paris et va donner une série de conférences.

Attention : les dates ont été modifiées.

Dans le cadre de la Chaire Miguel Alemàn Valdès de la Sorbonne, Université Paris IV

Première conférence, mardi 7/05 de 17h à 19h : Anthropologie du corps chez les Mayas. Une étude anthropologique basée sur l’anthropologie du mimisme et du geste de Marcel Jousse en relation avec la tradition culturel mésoaméricaine (en espagnol).

Lieu : 15 rue de l’école de médecine, escalier B, 4e étage – métro Odéon

Seconde conférence, jeudi 09/05 de 14h30 à 16h30 : Les émotions dans la langue maya du Yucatan durant la période coloniale et la période contemporaine. Cette conférence (en espagnol) est destinée à étudier les relations entre le langage, le le corps, le mental et la société. La sémantique cognitive sera utilisée, ainsi que l’anthropologie du geste triphasé de Jousse.

Lieu : département des études ibériques, 31 rue Gay Lussac – métro Luxembourg

A l’initiative de l’Association Marcel Jousse

Mardi 14/05 de 19h30-21h30 : Il fera une présentation de ses prochaines publications et partagera sa perception de l’actualité de la pensée de Jousse, notamment dans le domaine de l’éducation et du dialogue entre les religions.

Lieu : 92 bis Bd du Montparnasse – 75014 Paris

Publications de Gabriel Bourdin à venir

La jungla antropológica. Una introducciòn a la antropología del gesto de Marcel Jousse

El estilo oral rítmico y mnemotécnico de los verbo-motores. Traduction en espagnol de l’œuvre de Marcel Jousse (1925), précédée d’un essai introductif.

[:]

Des vidéos de cours en espagnol sur l’anthropologie de Jousse

Gabriel Bourdin, professeur d’anthropologie à l’UNAM (Mexique), présente sur une nouvelle chaîne You Tube les cours qu’il a donné en 2018 à propos de la pensée de Jousse.

Le premier cours :

Les cours suivants :

16 de febrero 2018 / 23 de febrero 20182 de marzo 2018 / 16 de marzo 2018 / 6 de abril 20184 de mayo 2018 / 11 de mayo 2018 / 31 de agosto 2018

Un séjour en France du Pr Bourdin est en projet pour 2019.

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